DOUAT Marie-Hélène
Marie-Hélène DOUAT, poétesse
Marie-Hélène Douat, est née en 1947, à Dakar au Sénégal.
Elle vit en Aveyron où elle a exercé le métier d’infirmière
libérale à Saint-Laurent d’Olt,
jusqu’à sa retraite en 2007.
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Nouveau Recueil, 2022 |
« Dans Au fil de soie, la poétesse compose un éloge à propos des artistes, dont on pourrait songer qu’il s’agit d’un certain Pierre Soulages, tant la démarche artistique s’apparente à la sienne : « Le peintre attentif/aiguise au couteau sa toile. Bleu qui se strie/se délave/crie/se plie à genoux/devant le noir. » Préface de Paul Tojean |
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Ciel
Les nuages ont roulé en forme de vagues Le peintre attentif aiguise au couteau sa toile Le vent écume l’espace Au loin la lueur solaire signe le déclin d’un ciel apaisé Le bleu se strie se délave crie se plie à genoux devant le noir |
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- Sang des Lauzes,
- La Revue du Rouergue,
- L’Arme de l’Écriture,
- les Éditions associatives Clapàs,
- Devant le monde le Poète,
- Les éditions Azieu,
- La Toison d’Or.
- Dans les Fentes de l’Ombre, 1982
- Chemin de Résonance, 1989
- Poèmes dédiés à mamie, 1994
- Aube froissée, éditions Clapàs, 1999
- Ravines, éditions Clapàs, 2001
- Petite suite in blue, 2022 [« Sa poésie résiliente, nourrie au fil du temps, par les épreuves, les expériences humaines, les joies fondamentales, s’épure et convoque l’ineffable. », Jean Alain Joubert]
Chez Les Amis de la Poésie Bergerac, dans la collection Le Poémier de Plein vent :
- Transhumance, prix du recueil de la Ville de Bergerac, 2003
- Blanche Négritude, prix Jean-Michel Walzer 2007, de la Ville de Bergerac
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Notes Bleues en 2015, Prix Audrey Bernard de la Ville de Bergerac pour l’ensemble de son œuvre.
- Poèmes à Mamie, Florilège poétique, 2003.
Dossiers
LE JARDIN IMAGINAIRE
RUBAN DE PERLES
VOYAGE ORIGINEL
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PAROLES D’ARBRES
Poème dédié à Jean Alain Joubert
VISAGE DE MAMIE
extrait de Poèmes dédiés à Mamie ( réédition du CEP )
Portfolio
Acrostiches sur les Recueils de Marie-Hélène DOUAT, par Danièle DOUAT
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Marie-Hélène DOUAT
Poèmes dédiés à Mamie, suivis d’un Florilège poétique, CD Amf |
Rencontres & Liens |
J’étais à ses côtés, ce jour de la fête des pères 2003, aux Journées de la poésie à Bergerac, organisées et présidées par l’incomparable Annie Delpérier. Celle que j’accompagnais y recevait le prix du recueil de la Ville de Bergerac pour ses derniers poèmes. Avec Transhumance se confirme une poétesse accomplie, chez qui chaque mot résonne d’une émotion vécue, d’une déchirure, d’une intuition d’espoir…
Jean-Jacques, mon camarade de jeunesse, avait voulu nous faire rencontrer. Et nous marchions côte à côte, main dans la main – ce qui symbolise depuis ce jour toute la beauté de notre relation – dans les rues pavées de Sainte-Éminie en ce 10 juin 1984, après un pique-nique inoubliable sur les hauteurs, aux abords de la merveilleuse petite chapelle de « La Capelette » – elle est évoquée en ce programme. Depuis ce jour où tout semblait léger, combien d’épreuves ou de joies avons-nous partagées ? Je n’en dirai mot, elles sont nôtres ; avec ses silences posés sur les mots, elle en évoquera quelques-unes au travers de cet enregistrement où il arrive aussi qu’elle parle de notre gémellité. En effet, le joli mois de mai de l’année 1947 nous vit naître tous deux, mais Marie-Hélène a voulu me précéder de quelques jours, me laissant, tel un bon signe du taureau, la primauté de la jeunesse… celle du petit gémeau !
De tout temps, depuis que je l’ai rencontrée, je l’ai vue écrire. Elle ne saurait d’ailleurs vivre autrement. Par son métier d’infirmière en milieu rural, elle donne ce qu’elle possède de meilleur : attention et tendresse aux infortunés que frappe la maladie et à ceux qui quittent leur vie. Elle leur tient la main… ils se tiennent la main, en amitié, en solidarité. Ici, une bonne salade, là, un bon fromage de chèvre ou des œufs, ailleurs, un café chaud aux jours de frimas… disent leur simple gratitude. Elle, parfois écrit, pour transcender cette descente en silence jusqu’à la tombe. Et c’est là toute l’histoire de cette merveilleuse « Mamie » de Lalo. De ce petit village surplombant le si sauvage Val d’Olt, lui est advenu un bien tendre partage, plein de complicité. L’une monte la colline jusqu’à la demeure de la vieille femme. Celle dont la santé décline descend sa colline moins abruptement. L’une trouve une fille alors qu’elle en fut sa vie entière privée ; l’autre y trouve comme une mère, idéale de tendresse, qui lui abandonne son cœur, réceptacle de l’amour de toute une existence – recueilli pour celle qui allait venir l’accompagner au seuil de la vie éternelle. « Le vrai bonheur, c’est ça : un visage inconnu, et comment la parole peu à peu l’éclaire, le fait devenir familier, proche, magnifique, pur1. »
La sainte patience2 de ces paysans aveyronnais, solides, frottés aux éléments, aux vents, à la neige des cimes qui regardent et interrogent le ciel ! Ils finissent par ressembler à leur Dieu, éperdument attentifs, infiniment dépouillés d’eux-mêmes. « Il y a une beauté qui n’est atteinte que là, dans cette grande intelligence proposée à l’esprit par le temps vide et le ciel pur3. »
« Mamie » avait mérité, par son labeur, son don à l’époux et à la terre ingrate, son endurance à sa solitude finale, de traverser l’épreuve ultime dans l’enchantement de cette connivence inattendue. L’autre, la dame de cœur, recevait un baume sur ses propres blessures, quand l’amour venait à faillir. Comment alors n’auraient-elles pas su qu’« être vivant, c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant4. » Le sens poétique aura fait le reste pour nous conter cette histoire qu’aucun ne peut entendre sans quelques frissons ou une larme. Dans cet enregistrement, les autres poèmes ont le même esprit familier, évocateur, à fleur de peau, de tout ce dont sont constituées nos vies, qu’ils aient pour noms : « Souvenir d’enfance et d’amour », « Poèmes du terroir », « Poèmes en prose »…
Ce samedi 10 mai 2003, à Abjat sur Bandiat, dans le cadre chaleureux d’un chalet de bois, Marie-Hélène enregistrait ses poèmes. Christophe, extrêmement vigilant, lui fit redire les premiers un nombre incalculable de fois, si bien que penché – dans une pièce attenante – sur mes projets associatifs, je me mis à douter de la possibilité d’achever en une seule journée la prise de son. Et pourtant, cela advint car, à mesure que s’écoulaient les heures, Christophe avait compris l’esprit et le message de la poétesse. Il la mit alors en confiance et obtint la quintessence de sa voix et de ses textes.
Déjà, avant la rencontre, Christophe et Marie-Hélène avaient fait un choix de poèmes divisés ainsi :
- Poèmes dédiés à Mamie (1994) ;
- « Poèmes du terroir » – extraits de Chemin de résonance (1989), Dans les Fentes de l’ombre (1992) ;
- « Poèmes d’enfance et poèmes d’amour », en provenance des recueils précités ainsi que Ravines;
- « Poèmes en prose » parus dans la Revue du Rouergue et La Toison d’or, jamais édités, certains primés à Bergerac. Voyage originel est d’ailleurs un voyage initiatique au-dessus du Lot, au village de Lalo, ce qui nous ramène à l’existence de Marie, cette merveilleuse vieille dame à la fois secourue, prise en tendresse et finalement éternisée, comme pour rendre hommage à tous ces gens simples de nos campagnes.
Le musicien, le metteur en scène sonore, en âge d’être son fils, nous surprend tout comme lors de notre première réalisation, par la manière si entendue avec laquelle il a perçu et assimilé l’art de Marie-Hélène. L’osmose en est si subtile qu’il nous permet non seulement d’écouter la conteuse, mais de revivre ce partage bouleversant et d’en être les témoins de manière différée. Par sa mise en scène inspirée et réaliste, « le film de la vie » de la grand-mère de Lalo se déroule devant nous et nous rend complices de sa destinée. L’émotion qui se dégage de son travail confirme manifestement les dons qu’il déploya pour sa précédente prestation.
Sans doute, même si le ressenti est différent à son jeune âge devant le drame de la vieillesse – qui selon le mot de Cocteau est « un naufrage » –, il nous place devant notre destin et ce qui peut encore faire fleurir nos déserts : un sourire, une attention, un peu de tendresse…
Un autre regard sensible est venu magnifier cette création toute de complicité… celui de la dame aux pinceaux magiques qui a pour nom Madeleine Marcoux. D’une photo prise dans la dernière chambre5 de « Mamie » à Saint-Laurent-d’Olt croisée avec deux ou trois clichés que je fis en mars 2003 sur les lieux mêmes où vécut Marie, elle recréa l’univers de cette femme que tout concourt ainsi à faire entrer dans la légende. Le talent de Madeleine vous donne envie d’aller à la découverte de ces terres rudes et franches. Nul doute alors que vous ne tombiez, comme cela m’advint, amoureux de ce pays si sauvage, vierge des offenses humaines.
Cette collaboration à trois véhicule un message qui, à n’en pas douter, vous atteindra. Cet enregistrement démontre que la véritable poésie parle à chacun de nous un langage qui est celui-là même de la vie. Ce travail d’orfèvre se révèle un pur miracle né de rencontres et de talents croisés ; « oui, c’est un pur miracle, que par des mots enterrés dans des livres, l’on puisse raviver une source6… ».
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Marie-Hélène Douat, poétesse | Christophe Carpentier, compositeur, interprète | |
Mamie, Marie Romiguier, Lalo, Saint-Laurent-d’Olt©Marie-Hélène Douat | Peinture de Madeleine Marcoux, 2003©Marie-Hélène Douat | |
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