MULSANT Florentine

Copie de MULSANT Florentine

Florentine Mulsant © Florentine Mulsant

Florentine Mulsant

Stéphanie Carne
Entretien du 7 Septembre 2005

 

 

Stéphanie Carne : Comment la musique est-elle entrée dans votre vie et quel est votre parcours musical ?

 

Florentine Mulsant : Destiné à ma sœur, l’arrivée d’un piano dans la maison a été pour moi, providentielle. J’avais dix ans et dès lors, le piano fut un compagnon de tous les instants.
 
Apprenant seule à lire les notes, j’ai commencé rapidement à mémoriser mes propres compositions, ne sachant pas les écrire.
 
Durant ma jeunesse, trois œuvres m’ont tout particulièrement marquée : Coriolan de Beethoven, le Concerto à la mémoire d’un  ange de Berg et Tristan de Wagner.
 
J’ai réellement commencé mes études musicales en 1975. À cette époque, mon père fut nommé à l’étranger et je choisis de rester à Paris, quittant la cellule familiale, pour entreprendre des études musicales « sérieuses ». Ce choix, facilité par ma mère devant mon insistance et mes dispositions musicales, me permit d’intégrer le CNSM de Paris en 1977.
 
Douze années d’études auprès des grands maîtres français en harmonie (classe de Jean-Claude Raynaud), contrepoint (classe de Jean-Claude Henry), fugue (classe de Marcel Bitsch), analyse (classe de Jacques Castérède), orchestration (classe de Serge Nigg) et composition (classe d’Alain Bancquart), puis à la Schola Cantorum auprès d’Allain Gaussin.

Stéphanie Carne : Quels compositeurs ont directement influencé votre style musical ?

 

Florentine Mulsant : Je pourrais citer Bach, Beethoven (notamment ses quatuors à cordes), Schumann, Stravinsky, Dutilleux et Jean-Louis Florentz. La découverte de Webern, notamment l’op. 27, les Variations pour piano, est importante pour moi, pour la concision de la forme, la transparence, l’économie de moyens et la mélodie de timbres.

J’apprécie aussi beaucoup l’écriture expressionniste et très sensible de Wolfgang Rihm, son écriture polyphonique et son travail dans le temps de la structure de l’œuvre.

Pour le post-expressionnisme, il n’y a pas de retour en arrière mais un travail sur des principes appartenant à la musique tonale. Le lien avec l’histoire de la musique est renoué et la musique tonale, de nouveau source d’inspiration. Il n’est plus question d’interdire, on retrouve une certaine forme de liberté. Je n’ai pas souffert directement de la dictature du sérialisme mais mes professeurs étaient encore très marqués par cette école.

La forme musicale est infinie. Il m’arrive de m’appuyer sur des formes anciennes (Tiento, Passacaille…) mais il est possible d’imaginer des formes multiples, du moment qu’elles offrent à l’écoute une cohérence musicale et un équilibre. Je respecte toujours l’identité de chaque instrument désigné et « rentre » dans la couleur musicale proposée. Le son est lié à l’instrument, je ne fais pas de recherche acoustique (malgré deux années passées en studio) et ma conception est à rapprocher de celle de Ligeti dans ce domaine.

 

Stéphanie Carne : Votre Quatuor op 22 « In Jubilo » figure dans un récent enregistrement intitulé Musique française au féminin, comment avez-vous reçu ce projet de disque ?

 

Florentine Mulsant : Jusqu’aux portes du XXe siècle, les femmes étaient empêchées de recevoir la formation musicale dispensée par le Conservatoire. Certaines ont déguisé leur nom pour pouvoir composer, comme Mélanie Bonis (présente dans cet enregistrement), qui signe ses œuvres Mel Bonis.

Le jour où l’accès à la formation et surtout à la création leur est possible, on retrouve Lili Boulanger ou Elsa Barraine à la Villa Médicis ! Elles sont présentes à tous les niveaux, compositeur, metteur en ondes à la Radiodiffusion, auteur de musiques de film, directeur d’une maison de disques… et bien entendu professeur.

Ce projet de disque m’a donc plu car il met en perspective l’évolution de l’écriture musicale à travers le répertoire de musique de chambre de cinq compositrices et propose un jeu de miroir, de résonances entre les cinq œuvres de styles très différents.

Concernant le Quatuor op. 22 « In Jubilo », sa création, puis son enregistrement m’ont permis de retrouver une phase de travail que j’aime particulièrement : travailler et échanger avec les musiciens.

Cette rencontre me permet de connaître parfaitement les spécificités de chaque instrument et d’approfondir le travail d’écriture de l’œuvre. Le matériau sonore est pour moi une source d’inspiration très importante. Le choix de l’instrument ou de la formation est déterminant pour la couleur timbrale qu’elle engendre. De plus, la maturation de l’œuvre en compagnie des musiciens prend toute son importance quand elle est destinée à la publication et à l’enregistrement.

C’est une fois que l’œuvre existe sous une de ces deux formes que je la considère terminée.

La partition du Quatuor op. 22 « In Jubilo » pour clarinette, violon, violoncelle et piano est éditée chez Furore comme l’ensemble de mon catalogue. 


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