LA GRANGE Henry-Louis de

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Henry-Louis de LA GRANGE, Festival-Mahler, Tokyo, 1986
Henry-Louis de La Grange [1924-2017]
La symphonie ?
« Il lui faut avoir quelque chose de cosmique,
d’inépuisable comme le monde et la vie,
pour être digne de ce nom. […]
Ce qui compte le plus dans l’œuvre d’art,
c’est ce qu’elle contient de mystérieux,
d’incommensurable.
Si l’on peut embrasser l’œuvre entière
d’un seul regard, c’est qu’elle a perdu
sa magie, son attirance, comme le plus beau
des parcs peut sembler ennuyeux
lorsqu’on en connaît tous les chemins,
si bien qu’on n’a même plus envie
de s’y promener. »
Gustav Mahler
 
 

 

Henry-Louis de La Grange nous a quitté le vendredi 27 janvier 2017, à l’âge de 92 ans.
Il est l’auteur passionné de la plus monumentale biographie du compositeur autrichien Gustav Mahler, quatre volumes publiés chez Fayard. Soixante années de sa vie consacrées à Gustav Mahler dont il était le chantre, rencontrant même à New York, Alma et leur fille Anna.
Il est à l’origine de la Médiathèque musicale Gustav Mahler, (11 bis rue de Vézelay, 75008 Paris), née en 1986 à la fois de sa collection personnelle et de celle de Maurice Fleuret.
Remarqué dans le paysage musicologie pour son humanisme, sa discrétion, sa modestie élégante, sa cordiale gentillesse.
Ses recherches sur Mahler dans les années 70 correspondirent à la reconnaissance du compositeur autrichien jusqu’alors peu enregistré et même assez controversé, voire méprisé.
Je me souviens d’avoir fait l’acquisition, fin 1973, du coffret de l’intégrale Mahler dirigée par Bernard Haitink (une souscription Philips aujourd’hui disponible en coffret Decca) et d’en avoir été bouleversé au point de dire, « si j’avais pu écrire de la musique, j’aurais aimé que ce fut celle-ci ». Mon immense passion pour ce corpus se retrouve dans cette maison des bois, où s’accumulent années après années les interprétations de Bruno Walter, Otto Klemperer, Sir John Barbirolli, Rafael Kubelik, Michael Gielen, Václav Neumann, Leonard Bernstein, Klaus Tennstedt, Pierre Boulez, Claudio Abbado, Georg Solti, et plus récemment Gustavo Dudamel et Adam Fischer dans deux versions somptueuses de la septième symphonie « Lied der nacht », et Yoel Gamzou pour une phénoménale reconstitution et direction de la dixième symphonie. 
Nous avons tous le souvenir du fabuleux savoir du musicologue sur Mahler et de son goût pour le partager dans de nombreuses émissions diffusées par France Musique. En 2011, Arte diffusait un documentaire avec sa collaboration, Gustav Mahler, autopsie d’un génie.
En 2015, Jason Starr réalisait un documentaire sur la passion de toute une vie, Pour l’amour de Mahler : la vie inspirée de l’historien Henry-Louis de la Grange.
 
Les passionnés du corpus mahlérien, dont je suis, ne peuvent que saluer l’exemplaire travail de recherche réalisé par Henry-Louis de La Grange qui aura remarquablement contribué à rendre à Gustav Mahler la place essentielle qu’il occupe dans l’histoire de la musique.
Jean Alain Joubert
30 & 31 janvier 2017